Jour 8 – 26/06
3h du matin. Je tente de me rendormir sans succès. Mon acolyte est réveillé pour les mêmes raisons. La nature a une tendance a vous rappeler à son bon souvenir en plein milieu de la nuit dans un camping à ours… Nous voilà partis bras dessus bras dessous, ou plutôt moi broyant la main de M Millet dans la nuit noire. M Millet ayant pris son masque de nuit pour sa lampe frontale nous partons rejoindre le coin toilettes dans l’obscurité MAIS armés de notre bombe anti-ours. C’est curieux comme la nuit chaque bosquet ou banc prend la forme d’un ours.
Nous retournons à notre tente sains et saufs et Morphée repasse nous prendre immédiatement.
Réveil à 7h15. Le soleil est déjà levé depuis un moment. Cette nuit, la température était de 5°C environ, ajoutez à cela une belle migraine et vous obtenez une Mme Millet qui a toutes les peines du monde à s’extirper de son cocon.
Petit-déjeuner rapide mais quel plaisir de tenir une tasse de thé bien chaude quand il fait 10°C.
Nous replions tente et affaires et nous voilà partis pour une expérience de bonheur extrême… une douche chaude. Avec notre emplacement nous avons le droit à une douche chacun et illimitée s’il vous plaît…. Nous la savourons il n’y a pas d’autres mots.
Au local à douches, il y a deux grandes cartes où vous pouvez mettre une punaise de couleur pour dire d’où vous venez.
Vous voyez la punaise jaune sur Nantes, c’est nous !
Propres et frais nous partons pour Mammoth Springs. Nous y arrivons à 12h. Très curieuse petite cité qui abritait autrefois un fort militaire. Les anciennes casernes sont aujourd’hui habitées par les rangers.
Nous nous rendons au visitor Center pour poser quelques questions au ranger avant de partir sur les chemins de randonnée. Le ranger nous indique qu’il y a des grizzlys et des black bear sur le secteur que nous souhaitions faire. La semaine dernière un promeneur a du se servir de sa bombe pour repousser un ours sur le circuit de la randonnée prévue. J’avoue que je n’étais pas rassurée mais cela finit d’achever l’once de courage qu’il me restait.
Nous visitons les sources qui nous offrent un paysage lunaire. La couleur orange résulte des bactéries qui grignotent la roche et créent des formations presque artistiques. Nous ne sommes pas seuls, le parcours est très touristique.
Nous poursuivons un peu plus haut où le touriste se fait plus rare.
Les sources sont vraiment magnifiques. Elles dégagent cependant une odeur d’oeuf pourri assez tenace.
C’est ce qu’on appelle un environnement hostile… où seuls les extrêmophiles s’adaptent (https://fr.wikipedia.org/wiki/Extr%C3%AAmophile)
Ambiance lunaire
Les arbres sont grignotés par l’acidité mais les troncs restent figés sur place.
Nous nous dirigeons vers Madison, notre campground pour les deux prochaines nuits.
Avant de l’atteindre nous faisons un arrêt à Norris, pour observer des geysers. Le premier est Norris Geyser Basin où nous découvrons de superbes geysers, sources chaudes et fumerolles. Les couleurs sont tantôt bleu, émeraude, blanc. Malgré la chaleur torride, l’heure et quart que nous passons sur ce sentier nous enchante. De nombreux panneaux rappellent qu’il est interdit de sortir du chemin. Les jets de vapeur sont brûlants, et l’eau acide. De plus la croûte terrestre est très fine par endroits et menace de s’effondrer sous nos pas. Ne l’oublions pas, Yellowstone n’est qu’un immense cratère volcanique.
Nous ne croisons pas grand monde et il est agréable d’avoir ces lieux lunaires rien que pour soi.
Un deuxième arrêt à Artist Paintpots. Nous faisons une boucle d’une demie-heure pour observer des mares de boue bouillonnante, tantôt plâtreuses, tantôt limpides.
En vidéo voici ce que ça donne :
Les sources ce n’est pas Keralio… ça ne se survole pas comme ça…
Curieuse impression que celle de remonter le temps géologique… et si un T-rex pointait le bout de sa truffe.
Il est déjà 17h30, nous filons au campement pour installer notre tente. Cette fois pas de douche mais de l’eau au robinet. On est pas des sauvages.
Le campement est situé en bord de rivière et le cadre est plus aéré que le campground de la veille.
M Millet part en éclaireur pour voir la rivière pendant que je rédige le journal de bord. Je le rejoins sur les bords de la rivière.
Le lieu est superbe et un trio de biches descend de la colline pour venir se dégourdir les gambettes.
C’est qu’il faut en prendre des risques pour vivre cette aventure…
Le soleil se couche et disparaît derrière la colline. Il est temps pour nous de rentrer.
Mon bureau éphémère
Un vrai feu de scout…
Et voici les fameuses boîtes à nourriture bear-proof
M Millet s’affaire au feu de camp pendant que je prépare le repas : Mashed potatoes saveur bacon ! Repas terminé nous partons faire la vaiselle et croisons nos voisins de tente. Ce sont des Québecois. La conversation s’engage et nous discutons pendant 1H30 devant le local à toilettes.
Martin et Anne-Karine (originaire de Chicoutimi cela ne s’invente pas) sont également en road-trip depuis quelques jours déjà et ils ont le goût des voyages : Costa Rica, Patagonie, US, Italie, France et Nouvelle-Zélande entre autres…
La nuit est tombée et il fait désormais nuit noire. Nous poursuivons la conversation autour de leur feu de camp, un peu moins fumant que le nôtre. Les sujets de discussion s’enchaînent et nous ne voyons pas la soirée passer. Nous échangeons sur les voyages, nos modes de vie, le cours du pétrole, le sens de l’accueil des Américains, des Parisiens, les habitudes alimentaires. Nous partageons nos anecdotes et rions à gorge déployée. Pour une fois c’est nous qui allons mettre de l’ambiance au campground.
Quel plaisir d’échanger si facilement avec de parfaits inconnus qui à la fin de la soirée ne le sont plus tout à fait.
Une heure du matin il est temps d’aller dormir, demain nous sommes attendus au Arricks Fish shop à 8h.
Noris : notre campground !! on dirait « et au milieu coule une rivière »… et le Grand Prismatic c’est pour quand ? Marion devient vraiment aventureuse depuis qu’elle est mariée 🙂
Chicoutimi c’est tellement mignon, c’est déjà plein de promesses un nom comme ça!